Création artistique via une interface de captations sonores et gestuelles en milieu scolaire : étude de faisabilités



Cécile Vendramini et Laurent Séjourné


Les nouvelles technologies permettent, à l’aide de diverses interfaces et capteurs, de faire interagir entre eux le son, le mouvement, et l’image, et ce, dans la multiplication des combinaisons. L’utilisation de ces technologies interactives utilisées à des fins pédagogiques restent encore relativement peu développées en milieu scolaire (Veitl, 2006). Nous avons tenté d’avancer la réflexion dans ce secteur en pleine mutation, en élaborant et en mettant en œuvre un nouveau support numérique, les « Modules 4S » (Séjourné, Sarrau, 2006), spécialement conçus pour le premier degré de l’école.

Les nouvelles technologies peuvent proposer une réponse adaptée aux contraintes de la gestion des grands groupes, tels qu’on les rencontre à l’école, y compris lors des phases de création et d’expérimentation. Nous pensons donc, que la recherche en didactique des arts a tout intérêt à privilégier l’analyse de ces situations. Le dispositif se voulait à la portée de toutes les écoles, ce qui explique le choix de Pure Data, et de ses composantes DRIPD et GEM distribuées sous licence GNU comme logiciels supports. Une simple interface MIDI sert au pilotage de différents capteurs distribués pour une somme modique. Le dispositif est prévu pour fonctionner en mono-poste ou en réseau, chacun des deux dispositifs ayant son intérêt propre. Tous ces modules explorent des paramètres différents essentiellement dans le domaine de la musique mais également dans celui des arts visuels. Ils ont été conçus dans un souci de convergence des champs artistiques obligatoires à l’école. Ces modules ont la particularité et l’originalité d’être pilotés par ordinateur, mais également par la voix ou par le geste. Une interaction mouvement/image, voix/mouvement, voix/image est créée en temps réel par l’élève. Les attitudes corporelles ou vocales de celui-ci induisent alors une modification de l’objet artistique. Le principe informatique du système repose sur la captation d’intensités lumineuses par des LDR (Light Dependent Resistor), et de hauteurs sonores par un capteur de fréquences. Ces données sont ensuite transformées en signaux MIDI qui servent de variables dans la composition graphique gérée en temps réel par l’ordinateur.
Cette communication propose la présentation et l’analyse des différents tests menés lors des deux premières séances de la mise en œuvre du module « 4 S », effectuées dans une classe d’école primaire (CM1/CM2). Au cours des mises en œuvre, chaque élève devait synchroniser devant le groupe-classe des actions couplées (oreille/œil ; gestes/œil ; geste/oreille), en identifiant les paramètres sonores de la hauteur et de l’intensité, grâce à un travail d’induction et de déduction. Il avait à maîtriser sa voix avec précision (des hauteurs de notes précises peuvent être perçues grâce au dispositif) et devait être amené à explorer les limites de son registre vocal. Il était invité à faire des propositions dans la mise en forme des situations musicales et visuelles que le dispositif rendait possibles. Les réponses aux questions posées se fondaient ainsi sur l'expérimentation, l’exploration, mais également sur la connaissance de quelques paramètres sonores et visuels (discrimination sonore, jeu sur les tailles de traits, les rotations et la lumière). Sept capacités relatives à l’éducation artistique à l’école ont pu être ainsi mesurées grâce à cet outillage informatique, au cours des tests pratiqués dans cette classe à deux-niveaux. L’analyse a abordé trois questions essentielles : la définition du geste musical des élèves, qu’il soit vocal ou instrumental ; le degré de compréhension des notions développées en éducation musicale et en arts visuels lors des tâches effectuées et la mesure des savoirs mis en jeu par le maître observé dans le cadre de l’appréhension de ce dispositif artistique innovant.


Mots-clés : dispositifs de captations sonores et gestuelle, évaluation en art, sensibilité créatrice.


Bibliographie

COUCHOT E. (2001) Pour une pensée de la transversalité, Dialogues sur l’art et la technologie, Lharmattan  

GENEVOIS H. & DE VIVO R. (1999) Les nouveaux gestes de la musique, Paris, Parenthèse.
VEITL A. (2001), Quelles ressources technologiques pour renouveler les pédagogies de la musique ?, Rapport d’enquête, Ministère de la culture, DMDTS, publié en ligne www.culture.gouv.fr/culture/dmdts/rapportsPDF/veitl.pdf
VENDRAMINI C. & FRONVILLE A. (2007) , Image sonore numérique et appréhension de la temporalité, in « L’image pour apprendre » (coord. Annette Beguin), Revue Spirale n°40, pp 117-126.
VENDRAMINI C. & SEJOURNE L & (2007) « Les pratiques enseignantes en éducation artistiques et TICE : construction et évaluation des indicateurs d’apprentissage et de créativité», actes du Colloque international « Les effets des pratiques enseignantes sur les apprentissages des élèves », Besançon, Cédérom et publication en ligne http://www.fcomte.iufm.fr/niveau_deux/recherche/news/livret_resume.pdf